Profitez-en, l'araignée sort de son trou. Plus sérieusement, certains jurent que c'est assez rares pour le noter. Moi, envie de dire que j'vais aux cours, même si j'm'y fais pas remarquer, et j'mange au self, même si je suis plus souvent dans un coin de la cuisine qu'ailleurs. Je ne suis pas totalement dépourvu de vie sociale.
La preuve, j'ai une amie. Et quelle amie. Elaine Abraxas, la tête de mule la plus têtue du pays. Rien que ça. Et quand elle a décidé quelque chose, et ben ouais, elle arrive à me faire lâcher mon paquet de cookies et mon bouquin et descendre de mon hamac personnel. L'avantage de ce que je suis. Le seul d'ailleurs. Quand je suis ainsi perché à deux mètres cinquante de haut, là-haut sur ma toile, faut avoir l'idée de lever les yeux pour me voir. Et rares sont ceux qui l'ont. Enfin, Elaine elle l'a. Et Elladan aussi, dans le genre. Quand il aura compris que tenter de m'imposer de nouvelles têtes ne mène qu'à des ennuis, il arrêtera. Mais il est aussi têtu que sa cousine.
Alors voilà, j'ai encore foutu la trouille de sa vie à une des dernières victimes de ce con d'elfe pas elfe. Et Elaine a encore décidé de me forcer la main pour que j'aille m'en excuser. Rien à foutre, laissez-moi me désolidariser du groupe tout seul. Enfin, l'intérêt est que je découvre l'existence de la salle de sport. Ça fait que dix ans que j'habite ici hein...

Passant dans le couloir, je m'arrête à la porte restée semi-ouverte, et, après un dernier soupir et des yeux une fois de plus levés au ciel, je m'appuie sur le chambranle de la porte pour observer ce qui se passe à l'intérieur. Me demandez pas ce qu'elle fait comme sport, j'y connais rien. Je dirai juste que c'est pas un sport collectif étant donné qu'elle est toute seule...
Je profite d'une pause de sa part pour toussoter, indiquant ma présence, comme je ne compte pas rester là deux heures. J'ai un livre à terminer après tout.

"C'est toi la nouvelle, pas vrai?"

Enfin nouvelle, y a combien de temps que je devais passer la voir moi déjà? J'en sais rien. En attendant, je met mentalement l'araignée au défi de montrer une patte tout en m'assurant d'avoir bien fermé sa cage à clef et avoir jeté la dite clef - cherchez pas, quand on a un double diabolique dans la tête, on a des tendances schizophrènes - avant de m'avancer de quelques pas, les mains fourrées au fond des poches de mon sweat, dans mon mode j'en foutiste habituel.

"On s'est déjà croisés, j'étais un peu plus..."

Je retire les mains de mes poches pour les porter à mon visage, mimant les affreuses mandibules que possèdent ces affreuses bêtes que sont les araignées, avant de les faire disparaitre de nouveau. Les poings serrés dans mes poches, je serai le premier au courant si une griffe pointe le bout de son nez!

"Mais ça va là, j'contrôle. Désolé pour la trouille, j'ai tendance à faire cet effet là aux gens."